La Pause gourmande de l'après-midi s'installe chez les adultes
Bulletin : LSA 26 juin 2025
26 juin 2025
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Numéros de page :
pp.34-38
51 % des adultes en France prennent un goûter quotidiennement, selon un sondage Appinio pour LSA réalisé du 20 au 26 novembre 2024 auprès de 1 000 personnes. Cette pause gourmande de l’après-midi est plus ancrée que celle du soir (21 %) ou la collation de 10 heures (19 %), et a connu une forte progression pendant la crise du Covid. 66 % des goûters adultes incluent un en-cas solide, principalement des biscuits céréaliers. Les motivations principales sont la gourmandise (43 %, montant à 64 % le soir après dîner), le bon rapport qualité/prix (36 %), la facilité de préparation (31 %) et la praticité à emporter (15 %). Les aspects nutritionnels ne concernent que moins de 15 % des répondants.
Les produits les plus consommés au goûter sont les gâteaux sucrés, cookies et gâteaux moelleux (45 %), les fruits frais (24 %), les tablettes de chocolat (22 %), les barres chocolatées (20 %), le pain (19 %), les pains au lait et brioches (18 %), les crêpes, pancakes et gaufres (18 %), la viennoiserie (croissants, pains au chocolat), la pâte à tartiner, le yaourt et le fromage blanc. Le goûter est perçu comme un moment de détente et de déstresse, plus qu’un besoin énergétique.
Le marché du goûter s’inscrit dans un contexte de mutation démographique : 71 % des foyers français sont composés d’une ou deux personnes (+2,6 points vs 2021), 29 % des 35-49 ans vivent seuls ou en couple sans enfant (+4,7 pts vs 2021), et depuis les années 2010, les seniors (28 %) sont plus nombreux que les moins de 20 ans (23 %).
Le chiffre d’affaires des principales catégories liées au goûter est le suivant : pâtisserie industrielle hors festive à 3,01 milliards d’euros (+1,1 % en valeur), biscuits sucrés hors petit-déjeuner à 2,74 milliards d’euros (+1,6 % en valeur, -0,6 % en volume), tablettes de chocolat à 1,66 milliard d’euros (+5,1 % en valeur, +1,2 % en volume), confiserie de chocolat à 1,42 milliard d’euros (+5,7 % en valeur, +1,4 % en volume), compotes appertisées à 702 millions d’euros (+3,2 % en valeur, +1,5 % en volume).
Les industriels, boulangeries, coffee shops et concepts snacking des GMS rivalisent pour capter ce moment de consommation. Les marques adaptent leur offre, historiquement tournée vers les enfants, à des cibles plus diversifiées, notamment les seniors. Mondelez, leader du biscuit, cible les jeunes adultes avec Granola et Oreo, et les plus de 50 ans avec des produits simples et authentiques comme le Véritable Petit Beurre Lu, Pim’s ou Figolu (Lu détient 24 % de part de marché en valeur). Ferrero cible la Gen Z avec Délichoc Cookies & Cream et Mini Cookies, les jeunes adultes avec Kinder Tronky et Kinder Crunchy Cookies, les plus de 50 ans avec Delacre, et les quarantenaires avec des cookies au caramel salé.
Le chocolat, troisième catégorie la plus consommée au goûter, est présent dans 20 % des pauses sous forme de tablette. Malgré l’inflation, le chocolat reste dynamique. Nestlé, leader des tablettes en GMS, lance des tablettes KitKat pour les jeunes adultes et une barre Nestlé Dessert pour les boulangeries. 50 % des Français vont au moins une fois par semaine en boulangerie pour un goûter, et 25 % préfèrent le duo pain et chocolat aux biscuits. 57 % associent pain et chocolat au goûter de l’enfance.
Le segment des boissons chaudes se développe, notamment avec Nescafé (leader des cappuccinos avec 55 % de part de marché en valeur), qui propose des boissons KitKat, Starbucks et Nescafé Dolce Gusto. Les ventes de cappuccinos solubles progressent de 4,6 % en volume et 5,1 % en valeur, représentant 92 % de la croissance volume des instantanés. Plus de 220 000 nouveaux foyers acheteurs en un an, dont 45 % ont moins de 35 ans, et 17 % des Français télétravaillent chaque semaine. Le cappuccino est proposé à 0,23 € la tasse contre 5 € en coffee shop.
Les innovations produits répondent à des exigences contradictoires : gourmandise, santé, prix accessibles, origine locale et engagements sociétaux. St Michel propose des madeleines à -30 % de sucre (Nutri-score C), ayant permis à la notoriété de la marque de passer de 42 à 76 % en trois ans. Bonne Maman rajeunit son offre avec des muffins myrtille et brownies chocolat-noix de pécan, ciblant les adultes amateurs de produits premium. Mondelez, avec Côte d’Or et Milka, détient respectivement 11,5 % et 10,9 % de part de marché en valeur sur les tablettes de chocolat. Solinest propose des barres protéinées Joyfuel (20 g de protéines par barre) pour les jeunes actifs.
Krispy Kreme a vendu près de 50 000 donuts en huit semaines et demie dans une dizaine de Franprix parisiens, test étendu à neuf autres magasins. Karéléa (Léa Nature) propose des biscuits au maltitol, 40 % moins calorique que le saccharose, avec Nutri-score B ou A. Nestlé élargit son offre de boissons froides avec des milkshakes Nesquik goût fraise et des cappuccinos caramel-beurre salé à consommer chaud ou froid.
La concurrence s’intensifie entre coffee shops, boulangeries-pâtisseries, food courts et concepts de cantines en supermarchés. Les industriels repositionnent leurs produits via le marketing pour toucher toutes les générations, de 7 à 77 ans. Les attentes varient selon l’âge : plaisir et marques identitaires pour les jeunes adultes, produits simples et authentiques pour les seniors, offres premium et saines pour les actifs. Les campagnes de communication, comme celle de Brossard, réactivent le lien émotionnel avec la marque.