Aller au contenu principal

Les |Stratégies alternatives des PME du petfood

Bulletin : LSA 26 juin 2025
26 juin 2025
Numéros de page :
pp.26-32
En 2024, le marché français du petfood atteint 5,7 milliards d’euros (+4,9 %), dominé par Nestlé (Purina, 1,56 milliard d’euros) et Mars (Pedigree, Whiskas, Sheba, plus de 1,5 milliard d’euros), qui se partagent plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Les volumes de vente s’élèvent à 1,18 million de tonnes, stables par rapport à 2023. La France compte 16,6 millions de chats et 9,9 millions de chiens, soit un doublement du nombre d’animaux domestiques en trente ans. 58 % des Français possèdent au moins un animal de compagnie, 31 % en ayant plusieurs, et plus de 90 % considèrent leur animal comme un membre de la famille. Face à la domination des géants, de nombreuses PME françaises émergent : Ultra Premium Direct, Comme un Roi, Elmut, Tomojo, Edgard & Cooper, Japhy, Caats, Bab’in, Pepette, Franklin, Ziggy, etc. Ces marques cherchent à se différencier par leurs recettes (viande fraîche, ingrédients naturels), leurs services (abonnement, personnalisation) et leurs circuits de distribution (omnicanal, e-commerce, magasins physiques). Les investissements nécessaires sont lourds, la rentabilité difficile à atteindre, et la concurrence intense, notamment sur le segment premium et haut de gamme, seul espace laissé par les leaders historiques. Ultra Premium Direct, fondée en 2015, réalise 69,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 (+25 % sur un an), avec 90 % des ventes en ligne et 18 magasins physiques (formats de 100 à 150 m²), prévoyant 10 ouvertures supplémentaires en 2025. L’enseigne mise sur l’omnicanalité pour retrouver d’anciens clients, en conquérir de nouveaux et inscrire les clients magasins dans ses offres d’abonnement. L’abonnement, adopté aussi par Japhy, Edgard & Cooper, Elmut, permet de fidéliser la clientèle, lisser les revenus, anticiper la demande et optimiser la logistique, avec une fréquence de livraison de quatre à six semaines pour maîtriser les coûts. Le segment premium, privilégié par les nouveaux entrants, n’est pas propice aux gros volumes, rendant l’équilibre économique difficile à atteindre. Les usines exigent des volumes minimums de 15 tonnes pour lancer la production, avec une date de durabilité minimale de 18 mois, ce qui oblige les jeunes marques à écouler rapidement leurs stocks. Les start-up misent sur la personnalisation, avec des recettes adaptées à l’âge, la race, le poids, l’activité ou les sensibilités de chaque animal, souvent grâce à des moteurs de recommandation alimentés par la data et l’IA, comme chez Caats. Elmut, créée en 2018, propose des recettes à base de viande fraîche, avec seulement quatre ou cinq ingrédients, et met l’accent sur la qualité nutritionnelle et la satisfaction client. La production de viande fraîche implique des contraintes logistiques importantes (chaîne du froid, cuisson vapeur à 90°, matières premières de qualité humaine), rendant le modèle complexe à mettre en œuvre. Elmut a levé 1,7 million d’euros en 2022, puis 1 million d’euros en 2023, et vise 25 millions d’euros de chiffre d’affaires dans les 18 mois. La marque propose cinq références pour chiens et cinq pour chats, permettant des économies d’échelle, et s’appuie sur Chronofresh pour la logistique du dernier kilomètre. L’abonnement, avec une fréquence de quatre à six semaines, est bien accepté par la clientèle. French Bandit, lancée en 2019, se concentre sur les accessoires et le soin (petcare), avec une approche lifestyle et design, visant à intégrer les produits pour animaux dans la décoration intérieure. Après six ans d’existence, la marque diversifie ses canaux de distribution en entrant dans 11 magasins Animalis début 2025, tout en maintenant une forte présence digitale. La distribution du petfood reste dominée par la grande distribution, mais la part de marché du e-commerce et des spécialistes (pure players, magasins spécialisés) progresse rapidement (+10 % et +11,3 % respectivement). Les vétérinaires voient aussi leur part augmenter (+1,5 %). Les marques alternatives doivent donc jongler entre différenciation, maîtrise des coûts, gestion des stocks et rapidité d’écoulement des produits pour survivre et se développer dans un marché dynamique mais verrouillé par les leaders historiques.