Près d’un Français sur quatre pratique la course à pied, soit 12,4 millions de personnes, dont 8 millions courent chaque semaine. En 2024, le marché du running a atteint 1,2 milliard d’euros, en hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. Les chaussures représentent la majeure partie du marché avec 900 millions d’euros (+21 % en un an), alors que le marché global des équipements de sport n’a progressé que de 1,2 %. Entre 250 et 300 magasins spécialisés running existent en France. La pratique du running s’est démocratisée grâce à sa simplicité d’accès : un t-shirt, un short et une paire de baskets suffisent. Le marché s’est élargi à d’autres disciplines comme le trail, le triathlon ou le cross, ce qui a permis aux magasins spécialisés de diversifier leur offre. Le nombre de participants à des compétitions a fortement augmenté : 2,91 millions de personnes ont terminé une course en 2024 contre 2,3 millions en 2023. Beaucoup de nouveaux pratiquants visent directement la longue distance, voire le marathon, et la participation à des courses est devenue un motif de voyage. Les clients recherchent l’expertise des spécialistes, notamment pour le choix des chaussures, élément clé de la performance. Les magasins spécialisés proposent des analyses statiques et dynamiques de la foulée pour recommander le produit le plus adapté, tenant compte de la fréquence de pratique et du terrain. L’expertise des vendeurs est jugée essentielle, davantage que leur niveau de pratique personnel. L’offre des spécialistes se distingue de celle des grandes surfaces multisport par la mise en avant de produits premium, souvent autour de 120 €, alors que les généralistes privilégient les volumes avec des modèles à 60-70 €. Les spécialistes misent sur le service et l’accompagnement personnalisé, développant une communauté de clients fidèles. Plusieurs enseignes spécialisées connaissent une forte croissance. Running Rando Conseil, devenu coopérative en 2022, a vu son chiffre d’affaires augmenter de 40 % en 2024 grâce à six nouveaux magasins, et de 25 % à périmètre constant. L’enseigne vise 100 boutiques d’ici trois ans. Terre de Running a enregistré une croissance de 35 % de son chiffre d’affaires en 2024, prévoit de dépasser les 30 millions d’euros et ouvre entre quatre et six magasins par an. Foul&es, appartenant au groupe Cyclelab, a vu son chiffre d’affaires bondir de 41 % en 2024, misant sur des magasins de 200 m² en moyenne, références locales, et ne prélève pas de royalties sur ses adhérents. Quatorze Running, créée en 2018, vise le segment premium avec des points de vente inspirés du luxe et du lifestyle haut de gamme, et ambitionne 10 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année. Fin 2023, Quatorze Running a levé 6 millions d’euros pour proposer une expérience client innovante. Le marché des chaussures reste dominé par Asics, mais de nouvelles marques comme Hoka, Brooks ou Saucony connaissent une forte croissance. Nike et Adidas, après avoir privilégié leurs propres boutiques, reviennent vers la distribution spécialisée. Les coureurs ne sont pas particulièrement attachés à une marque, mais privilégient la qualité et l’adéquation du produit à leur pratique. Decathlon, leader de la distribution d’articles de sport en France, a ouvert en mai à Bordeaux sa première boutique dédiée au running. L’offre textile y est exclusivement Decathlon, tandis que l’offre chaussures se compose à 60 % de marques internationales et à 40 % de la marque propre Kiprun. Decathlon propose également l’analyse de la foulée, à l’instar des spécialistes. L’enseigne met en avant l’expertise technique de sa marque Kiprun, citant la performance de Jimmy Gressier, qui a battu le record d’Europe du 5 km sur route en mars 2024 avec des chaussures Kiprun. Les réseaux spécialisés se sont structurés avec des modèles économiques variés : coopérative pour Running Rando Conseil, société de services pour Foul&es, franchise participative pour Terre de Running (sans royalties), et modèle succursaliste premium pour Quatorze Running. La rentabilité reste un enjeu, la marge maximale étant de 50 %, ce qui limite l’intérêt de la franchise classique dans ce secteur. Malgré la diversité des modèles, tous profitent actuellement de la forte croissance du marché et prévoient de poursuivre leur développement.