Espaces de stockage de 67 000 m² sur cinq niveaux, à 38 mètres de haut, sont en construction à Paris, près du tribunal de grande instance et du parc Martin-Luther-King, dans le cadre du projet Connect Paris mené par Prologis. Les plateaux modulables de 8 000 m², desservis par une rampe hélicoïdale à double sens, visent à pallier la rareté du foncier disponible alors que les flux de marchandises augmentent avec le développement du e-commerce. Inspiré des entrepôts à étages de Tokyo, où les bâtiments de six étages ou plus se sont multipliés, le projet intègre des solutions pour optimiser les flux et éviter les embouteillages, notamment un monte-charge pour vélos-cargos au rez-de-chaussée. Le site, anciennement exploité par Geodis puis la mairie de Paris, conserve sa vocation logistique tout en évoluant vers des mobilités plus douces. Il sera relié au réseau ferroviaire entre Le Havre et Paris, favorisant le transport mutualisé de marchandises, déjà utilisé par les acteurs de la boisson. D’autres entrepôts urbains se développent le long du périphérique parisien, comme l’hôtel logistique de La Chapelle International (construit en 2018 par Sogaris), qui n’a pas encore accueilli de train de marchandises en raison de la vétusté du réseau, malgré sa conception initiale pour le fret ferroviaire. Les hôtels logistiques, longtemps relégués en périphérie, investissent désormais les grandes agglomérations, notamment l’Île-de-France. Construits en hauteur ou en sous-sol, végétalisés et modulables, ils incarnent une logistique mieux intégrée au paysage urbain. Ces projets, soutenus par les promoteurs et les élus locaux, visent à limiter le flux de poids lourds en ville et à soutenir la décarbonation du dernier kilomètre. Segro développe un hôtel logistique de 75 000 m² en sous-sol sur l’ancienne gare des Gobelins, lauréat de l’appel à projets “Réinventer Paris 2”. Ce site promet de limiter les nuisances sonores grâce à une zone de chargement souterraine et à l’utilisation de motorisations électriques et de cyclologistique. Faubourg Promotion développe à Valenton un projet mixte, Urban City, combinant logistique au rez-de-chaussée, activités commerciales dans les étages, un parking de 159 places sur le toit et des panneaux photovoltaïques. La nouvelle génération d’hôtels logistiques mise sur l’architecture et la mixité des usages pour s’intégrer dans la ville. Prologis prévoit une toiture végétalisée et des façades modulables, tandis que Segro installe une maison de la logistique urbaine durable sur son site. Sogaris, avec la requalification des anciens Magasins Généraux du Port d’Austerlitz (6 000 m²), prévoit d’accueillir des événements culturels et des espaces de travail, tout en maintenant une activité de transport fluvial. D’ici 2026, le site permettra le chargement et déchargement de péniches, avec les niveaux supérieurs et la toiture ouverts au public. Les hôtels logistiques profitent du désintérêt des investisseurs pour les immeubles monofonctionnels de bureaux et ciblent une grande variété de marchés : livraison de colis, retailers, artisans, établissements publics. Toutefois, ils ne sont pas adaptés aux très gros logisticiens nécessitant la circulation de 200 camions par jour. En région parisienne, ces projets sont encouragés par les élus locaux. Depuis 2016, le plan local d’urbanisme (PLU) de Paris prévoit une soixantaine de périmètres pour la logistique urbaine et classe ces projets comme “nécessaires aux services publics d’intérêt collectif”. Connect Paris s’implante sur l’un de ces emplacements réservés, dans la zone d’aménagement concerté des Batignolles. À l’échelle du Grand Paris, le schéma de cohérence territoriale (SCOT) intègre aussi des zonages spécifiques. Les collectivités cherchent à mieux gérer les espaces de livraison, à mutualiser les espaces de stockage, à aménager les horaires de livraison et à réfléchir à la mixité des usages, par exemple en utilisant certains dépôts de bus pour la cyclologistique. La surface consacrée à des fonctions logistiques dans la métropole du Grand Paris atteint 4 347 646 m² (source : Atelier parisien d’urbanisme, Apur). Fludis, spécialiste de la logistique urbaine fluviale, accueille deux nouveaux actionnaires de référence, Sogestran et Ademe Investissement, qui acquièrent chacun 30 % du capital via une levée de fonds d’environ 10 millions d’euros. Fludis fusionne avec Blue Line Logistics France (filiale de Sogestran), consolidant leurs activités sous la marque Fludis. L’entreprise dispose désormais d’une flotte de sept bateaux fluviaux adaptés à la navigation urbaine et d’un parc de vélos-cargos pour la livraison du dernier kilomètre. Fludis opère principalement en Île-de-France et à Lyon, pour des clients comme Colissimo, Ikea, Amazon, Suez et Paprec. D’ici 2026, Fludis mettra en service une nouvelle barge de 1 300 m² sur deux niveaux, dotée d’un pousseur à propulsion électrique, pour livrer des colis entre Gennevilliers et Boulogne-Billancourt pour Colissimo, permettant d’éviter 200 000 km par an sur route. La cyclologistique, longtemps limitée à des initiatives privées ou expérimentales, s’est généralisée dans les grandes métropoles et les villes moyennes. Les vélos de livraison, moins bruyants, moins polluants et plus agiles, répondent à la demande croissante du dernier kilomètre bas carbone, mais leur développement anarchique peut causer saturation des pistes cyclables, conflits d’usage et manque d’infrastructures de transbordement. Pour y remédier, les collectivités cherchent à planifier les flux cyclologistiques, mais manquent d’outils adaptés. FabLog, créée en 2021 et soutenue par l’Ademe, a développé Cyclodiag, un logiciel d’aide à la cartographie des flux pour les collectivités. Testé début 2023 auprès d’une vingtaine de collectivités, il a permis d’automatiser les pré-études d’aménagement pour la cyclologistique urbaine, conduisant à l’implantation de hubs logistiques de proximité, au partage de la voirie et à la création de zones dédiées au chargement/déchargement dans des métropoles comme Paris, Lyon ou Bordeaux.