Les |Nouvelles orientations du DPH
Bulletin : LSA 05 juin 2025
05 juin 2025
Numéros de page :
pp.28-37
Malgré une baisse globale des ventes dans le secteur DPH (Droguerie, Parfumerie, Hygiène), les marques poursuivent leurs efforts pour réduire leur impact environnemental, tout en devant répondre à la demande croissante de produits à la fois durables et accessibles. Les produits non alimentaires subissent les arbitrages des consommateurs, qui attendent désormais que l’écologie rime avec économie. Les produits solides, en recharges ou réutilisables, peinent encore à s’imposer dans les rayons des grandes surfaces alimentaires.
La RSE reste centrale dans la stratégie des industriels du DPH, mais l’argument environnemental seul ne suffit plus à déclencher l’achat, surtout dans un contexte d’inflation. Les innovations vertes doivent aussi offrir des avantages économiques. Les produits rechargeables gagnent en popularité, notamment dans l’hygiène avec les gels douche Sanex et les lessives L’Arbre vert, qui propose des recharges depuis 2006. L’Arbre vert vend aujourd’hui deux fois plus de recharges que de bidons de lessive, avec des recharges permettant d’économiser jusqu’à 80% de plastique et proposées à des prix 10 à 15% inférieurs à ceux des produits en packaging d’origine. Cependant, cette recommandation de prix n’est pas toujours suivie par les distributeurs, certains allant jusqu’à vendre les recharges à deux tiers du prix au litre du produit d’origine.
Unilever, avec ses sprays nettoyants Cif, propose des recharges qui réduisent l’utilisation de plastique de 70%, avec un prix conseillé de 4,49 à 4,69 € pour un spray de 280 ml et de 4,99 à 5,19 € pour une recharge de 590 ml. L’Oréal, avec ses soins capillaires Elsève, annonce qu’un client utilisant ces produits pendant un an réduit ses émissions de CO2 de 37% et économise 1 euro par produit acheté. Pour que les recharges s’imposent, il est essentiel d’assurer leur visibilité en rayon, chaque référence nécessitant au moins deux facings : un pour le produit d’origine et un pour la recharge.
L’innovation est un moteur clé. Dr. Beckmann, par exemple, a lancé en 2022 ses « feuilles magiques », des produits à dissoudre dans l’eau pour le nettoyage ou à placer dans la machine à laver. Depuis ce lancement, la marque a presque doublé son chiffre d’affaires et les ventes de lessive en feuilles ont progressé de 37,2% sur un marché en recul de 6,2%. La Rosée, marque de soins, a lancé en 2019 son premier produit solide, un masque visage, suivi d’un stick solaire, misant sur des routines pauvres en eau et des produits limités à l’essentiel (44 références). 900.care a étendu l’innovation aux dentifrices sous forme de pastilles à croquer.
La question des ingrédients controversés est également centrale. L’application Yuka, téléchargée plus de 17 millions de fois en 2024, est devenue un outil de référence pour les consommateurs. Energie Fruit, par exemple, propose des sérums en roll-on notés 100/100 sur Yuka, et Spring, membre du collectif Les Imperturbables, s’engage à n’utiliser aucun ingrédient présent sur la liste de l’Anses.
Le réutilisable s’invite aussi dans les cuisines et salles de bains. Spontex propose une éponge lavable en machine 52 fois, utilisable pendant au moins un an. Alba! lance des sacs réutilisables en silicone, alors qu’un foyer français utilise en moyenne plus de 300 sacs alimentaires jetables par an. 24,5% des clients d’Alba! sont soucieux de leur impact écologique. Typology propose des patchs contour des yeux réutilisables, illustrant l’extension de cette tendance.
Le marketing évolue également vers plus d’écoconception et de transparence. L’Oréal travaille avec la start-up Impact+ pour mesurer et optimiser l’impact environnemental de ses campagnes médias digitales, et propose une fresque du climat aux créateurs de contenus. La communication des bénéfices des produits responsables prend une place croissante, comme la campagne Elsève avec Eva Longoria.
Barbara Bressand, directrice RSE développement durable de L’Oréal France, souligne que 20% des consommateurs sont de plus en plus sensibles à l’impact de leurs achats, recherchant transparence et traçabilité. L’Oréal a travaillé avec 70 acteurs de l’industrie sur un « EcoBeautyScore » bientôt disponible sur les sites des marques. L’objectif est de réduire de 20% l’intensité packaging d’ici 2030 (déjà 11% atteints). Les recharges Elsève permettent d’économiser 60% de plastique, et la division des produits grand public de L’Oréal, qui touche plus de 40 millions de consommateurs, est la plus exposée aux contraintes environnementales. Les soins capillaires sans rinçage représentent désormais 85% des ventes en GMS en 2024, en croissance de 20%.
L’Oréal a lancé un Accélérateur d’innovation durable doté de 100 millions d’euros sur cinq ans pour identifier, tester et déployer à grande échelle des technologies répondant aux défis environnementaux. Les innovations portent aussi sur les formules, comme la production de l’actif anti-âge Pro-xylane à partir de déchets du bois, et sur des routines de beauté économes en eau, avec des produits adaptés aux marchés soumis au stress hydrique.
En résumé, le secteur DPH s’oriente vers des produits plus durables, rechargeables, solides ou réutilisables, avec une attention accrue à l’impact environnemental, à l’innovation, à la transparence et à l’accessibilité économique, tout en adaptant le marketing et la communication pour accompagner ces évolutions. Les chiffres clés incluent :
Jusqu’à 80% de plastique économisé avec les recharges L’Arbre vert
Prix des recharges 10 à 15% moins chers que les produits d’origine
2 fois plus de recharges de lessive vendues que de bidons chez L’Arbre vert
70% de plastique en moins pour les sprays Cif rechargeables
4,49 à 4,69 € pour un spray Cif de 280 ml, 4,99 à 5,19 € pour une recharge de 590 ml
37% de réduction des émissions de CO2 pour un an d’utilisation des recharges Elsève
1 euro d’économie par produit Elsève rechargeable
37,2% de croissance des ventes de lessive en feuilles Dr. Beckmann sur un marché en recul de 6,2%
44 références chez La Rosée
52 lavages pour l’éponge Spontex réutilisable
Plus de 300 sacs alimentaires jetables utilisés par an par foyer français
24,5% des clients Alba! soucieux de leur impact écologique
17 millions de téléchargements de Yuka en 2024
20% des consommateurs sensibles à l’impact de leurs achats
20% d’objectif de réduction de l’intensité packaging d’ici 2030 (11% atteints)
85% des ventes de soins capillaires en GMS en 2024 sont des produits sans rinçage, en croissance de 20%
100 millions d’euros investis par L’Oréal dans l’innovation durable sur cinq ans.