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Les |Champions du bricolage à la relance

Bulletin : LSA 05 juin 2025
05 juin 2025
Numéros de page :
pp.16-19
Après deux années de croissance exceptionnelle post-Covid (+13% en 2020, +10% en 2021, soit un bond de 6 milliards d’euros), le marché du bricolage en France connaît un ralentissement : ventes stables en 2022, puis deux années de recul (-1,8% en 2023, -4,3% en 2024). Le chiffre d’affaires du secteur atteint 22,1 milliards d’euros en 2024. Malgré ce repli, la croissance lissée sur cinq ans (2020-2024) reste à 3% par an, un rythme jugé traditionnel. Le secteur subit l’impact de facteurs exogènes : arbitrages défavorables au non-alimentaire, crise du pouvoir d’achat, épargne élevée, marché immobilier morose. Cependant, les fondamentaux demeurent solides : 99% des Français considèrent le logement comme une priorité quotidienne. Le taux d’accès à la propriété devrait augmenter, le parc immobilier vieillit et nécessite des rénovations, et les projets de travaux reportés finiront par se concrétiser. Les enseignes anticipent la reprise et se préparent à relancer l’attractivité commerciale. Le prix reste un critère déterminant pour 70% des clients. Les stratégies s’orientent vers le « bon produit au bon prix », la valorisation des marques propres (MDD représentant 45% des ventes chez Kingfisher, avec des prix 15 à 30% inférieurs à la moyenne), et des investissements massifs pour baisser les prix (140 millions d’euros investis par Leroy Merlin en 2024). Leroy Merlin, leader du marché avec 40% de parts de marché et un chiffre d’affaires de 9,6 milliards d’euros en 2024 (-3,2%), investit dans la rénovation énergétique (marché estimé à 30 milliards d’euros par an), la formation (50 millions d’euros), la modernisation des magasins (plusieurs dizaines de millions d’euros par an), et prévoit deux nouvelles ouvertures en 2025 (9 500 m² à Troyes, 5 500 m² à Saintes). Weldom, du même groupe, capitalise sur la proximité et vise 1 000 magasins d’ici 2026 (contre 200 en 2020, 793 actuellement, dont 300 Weldom). Les Mousquetaires (Bricomarché, Bricorama, Brico Cash) misent sur leur ancrage territorial, la rénovation énergétique, l’adaptation des logements au vieillissement, et le déploiement du concept NEP (nouvelle expérience clients) : 50 magasins adopteront ce concept en 2024, puis 100 par an pour finaliser le réseau en cinq ans. Leur chiffre d’affaires 2024 atteint 3,131 milliards d’euros (-2%), avec 638 magasins (472 Bricomarché, 118 Bricorama, 48 Brico Cash). Kingfisher (Castorama, Brico Dépôt) affiche un chiffre d’affaires de 4,64 milliards d’euros en 2024 (-6,1%). En 2024, 13 magasins Castorama ont été rénovés, 11 autres le seront l’année suivante. Les priorités sont la modernisation des points de vente, le ciblage des professionnels, le développement de l’e-commerce (19% des ventes, 14% via la marketplace pour Castorama), l’exploitation de la data, de l’IA et du retail media, et la préparation au marché de la rénovation. Mr.Bricolage, avec 994 magasins et un chiffre d’affaires de 1,826 milliard d’euros en 2024 (-7%), lance l’enseigne Mr.Bricolage Relais (déjà plus de 40 magasins, objectif 70 à 80 d’ici fin 2025) pour renforcer l’ancrage territorial et harmoniser l’offre. Le réseau compte 571 magasins sous enseigne, 672 avec les Briconautes, et plus de 1 000 points de vente au total. L’objectif est d’atteindre un équilibre entre puissance d’achat, logistique et agilité locale. Les relais de croissance identifiés sont la rénovation énergétique (30 milliards d’euros par an) et l’adaptation des logements au vieillissement de la population. Les enseignes doivent proposer des solutions complètes (produits, pose, SAV) et jouer un rôle de facilitateur entre clients et artisans. Les investissements sont massifs : Leroy Merlin prévoit 100 millions d’euros supplémentaires sur cinq ans pour la rénovation énergétique. En résumé, malgré deux années de baisse, le marché du bricolage conserve des fondamentaux solides et se prépare activement à la reprise, en misant sur la compétitivité prix, la proximité, la rénovation énergétique, l’adaptation des logements, la modernisation des magasins, l’innovation digitale et la conquête de nouveaux relais de croissance.