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Plan d'épargne retraite. Atouts et limites de la gestion pilotée à horizon

06 juin 2025
Numéros de page :
pp.16-20
Le plan d’épargne retraite individuel (PERin), lancé en 2019, a rencontré un fort succès auprès des épargnants français, représentant désormais 20 à 25 % de l’épargne retraite totale. En février 2025, les cotisations sur un PER atteignaient 787 millions d’euros, soit une hausse de 10 % par rapport à février 2024. Fin février 2025, les PER assurantiels comptaient 7,1 millions d’assurés pour un encours de 97,7 milliards d’euros. Le PERin offre un avantage fiscal à l’entrée et propose trois modes de gestion : libre, profilée et pilotée à horizon. La gestion pilotée à horizon, instaurée par défaut par la loi Pacte de 2019, consiste à investir dans des actifs risqués (unités de compte) lorsque la retraite est lointaine, puis à sécuriser progressivement l’épargne à l’approche de la retraite en privilégiant des fonds en euros moins risqués. Cette gestion vise à optimiser les rendements en ajustant la part de supports performants et sécuritaires selon la durée restante avant la retraite. Le choix du profil de gestion pilotée (prudent, équilibré, dynamique) dépend de l’âge, du profil et de la tolérance au risque de l’épargnant. Par défaut, le conseiller doit présenter le profil équilibré, mais l’épargnant peut opter pour un profil plus prudent ou plus dynamique, ou choisir un autre mode de gestion. Pour le profil prudent, la loi impose qu’au moins 30 % des actifs soient investis dans des supports peu risqués et 70 % dans des actifs risqués si la date de départ à la retraite est supérieure à dix ans. Pour les profils équilibré et dynamique, il n’existe pas de minimum légal. La gestion pilotée à horizon est particulièrement adaptée aux néophytes, car elle permet de déléguer la gestion à un professionnel qui ajuste le niveau de risque en fonction du profil et de l’horizon de placement. Les versements programmés associés à cette gestion permettent de constituer une épargne progressive tout en lissant les risques liés aux marchés financiers. En gestion pilotée, la diversification est plus importante : par exemple, Garance propose 12 supports différents dans ses portefeuilles pilotés, contre un à quatre en gestion libre. Le taux d’adhésion à la gestion pilotée à horizon varie selon les organismes : 30 % chez Suravenir, plus de 90 % chez Mutuelle Médicis. Les arbitrages sont automatiques, ce qui simplifie la gestion pour l’épargnant. Cependant, la gestion pilotée ne garantit pas la protection du capital et n’ajuste pas l’allocation en fonction de l’évolution des marchés financiers. Chez Suravenir, le niveau de risque est vérifié deux fois par an ; chez Garance, les arbitrages sont réalisés au minimum tous les six mois, au maximum tous les trois mois. Des comparateurs de PER existent pour aider à choisir l’entité gestionnaire. Si la gestion pilotée à horizon n’entraîne généralement pas de frais supplémentaires, certains changements de profil ou mandats d’arbitrage peuvent générer des frais additionnels, notamment une majoration sur les unités de compte. Depuis octobre 2024, la loi Industrie verte impose d’inclure une part de private equity (non coté) dans les mandats de gestion de l’assurance-vie et du PER individuel. Cette diversification, jugée bénéfique pour le rendement à long terme, doit toutefois rester minoritaire : il est recommandé de ne pas dépasser 9 % de private equity lorsque l’épargnant est à dix-huit ans de la retraite. Certains gestionnaires envisagent des portefeuilles pilotés composés à 100 % de non coté, avec des fonds en euros pour atténuer les risques. L’innovation technologique s’invite également dans la gestion de l’épargne retraite. Evinance, une fintech spécialisée, a signé un partenariat avec Generali pour proposer des solutions d’assurance-vie et d’épargne retraite optimisées par l’intelligence artificielle (IA). Les algorithmes d’Evinance analysent de grands volumes de données financières pour sélectionner des ETF ou OPCVM, établir un score et optimiser la composition des portefeuilles selon le profil de risque du client. L’IA permet aussi de personnaliser les portefeuilles selon les convictions personnelles ou religieuses des clients. Les produits d’épargne digitalisés de Generali, comme e-Vie et e-PER Generali, sont ainsi accessibles, offrant flexibilité et gestion rigoureuse. Outre la gestion pilotée à horizon, d’autres modes existent. La gestion pilotée “profilée” fonctionne sur le principe de la délégation, mais avec plus d’autonomie pour l’épargnant. Le mandat d’arbitrage permet à l’assureur de réaliser les arbitrages après conseil d’une société de gestion, sans désensibilisation automatique aux actifs risqués. Cette gestion s’adresse à des investisseurs avertis. La gestion libre, quant à elle, permet à l’épargnant de gérer son épargne comme il l’entend, mais nécessite une bonne connaissance des marchés financiers et du temps pour les surveiller. Seuls 15 à 20 % des clients de Garance choisissent la gestion libre, souvent pour accéder à un ou deux fonds spécifiques. Chez BNP Paribas Cardif, la gestion pilotée n’est pas majoritaire, les clients préférant maîtriser leur épargne. L’UMR propose des PER multipoches, combinant gestion libre et pilotée, offrant ainsi plus de souplesse et de diversification. La gestion pilotée à horizon a connu un franc succès car elle permet de faire varier les actifs chaque année, assurant une sécurité du portefeuille en fonction de l’horizon du projet, bien que la protection du capital ne soit pas garantie. L’Autorité des marchés financiers (AMF) rappelle que la gestion pilotée à horizon n’est pas adaptée à ceux qui ne souhaitent prendre aucun risque pour leur épargne.