Un |Déploiement réussi des énergies renouvelables par les territoires
Bulletin : Le| Nouvel économiste 06 juin 2025
06 juin 2025
Numéros de page :
pp.13-15
Déployer un projet d’énergie renouvelable représente une tâche complexe pour les collectivités, notamment les petites communes, qui doivent gérer la rédaction d’appels d’offres, la recherche de subventions, l’estimation des factures et leur évolution selon les changements réglementaires. Des sociétés de conseil comme Capitole Énergie assistent les collectivités à chaque étape, de l’achat d’énergie à l’installation de panneaux photovoltaïques, en passant par l’arbitrage entre injection sur le réseau et autoconsommation, avec pour objectif principal la réduction de la consommation et des factures d’énergie. Les juristes de Capitole Énergie, experts en commandes publiques, aident également à la rédaction des dossiers de consultation des entreprises (DCE), intégrant des clauses pour négocier des garanties d’origine ou des critères RSE dans les achats verts.
Engie propose aussi des services d’accompagnement, notamment pour la création et le déploiement de réseaux de chaleur, en guidant les collectivités dans leurs choix techniques et dans la recherche de financements. La principale subvention publique pour les réseaux de chaleur provient de l’Ademe, couvrant 30 à 40 % du coût du projet, ce qui rend l’énergie produite plus compétitive que les énergies fossiles. Des aides complémentaires peuvent être obtenues auprès des régions via le Feder, particulièrement importantes pour les petits réseaux ruraux. Le développement d’un réseau de chaleur prend généralement de trois à cinq ans. En 2024, une cinquantaine de nouveaux réseaux de chaleur ont été créés en France, principalement de petite et moyenne taille, tandis que les grands réseaux ont doublé ou triplé de taille. L’augmentation des prix des énergies fossiles favorise le développement des réseaux de chaleur, qui servent d’amortisseurs tarifaires, comme observé lors de la “crise des piscines” en 2022.
La loi Aper, adoptée en 2023, impose l’installation de panneaux photovoltaïques sur ombrières pour les parkings extérieurs de plus de 1 500 m², couvrant au moins 50 % de leur superficie. Les entreprises comme Hellio proposent des offres “clés en main” pour la gestion administrative, la mise en œuvre, la maintenance et la mise en service de ces installations. Une centrale photovoltaïque sur toiture ou ombrière peut être opérationnelle en deux ans, avec des autorisations de raccordement simples à obtenir, tandis qu’une centrale au sol nécessite quatre à six ans de développement.
Depuis l’été 2024, la réglementation facilite la mise en place de projets d’autoconsommation collective pour les collectivités, qui ne sont plus obligées de créer une régie ni de constituer un budget distinct pour les installations de moins de 1 MW. Cette simplification encourage le développement de projets d’autoconsommation, dont la rentabilité est plus avérée pour les collectivités que pour les structures privées. Parallèlement, la baisse des tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque par EDF impacte les recettes des communes. En mars 2025, le tarif pour les installations en autoconsommation avec vente du surplus est passé de 12,69 c€/kWh à 4 c€/kWh pour les installations inférieures à 9 kWc. Les contrats en cours bénéficient toutefois d’un tarif fixe garanti sur toute leur durée, mais les nouveaux projets doivent s’adapter à cette baisse pour rester rentables.
La Communauté de communes Centre Tarn a publié un guide en ligne pour aider les élus, en particulier des petites communes rurales, à mettre en place des installations photovoltaïques, en insistant sur l’autoconsommation collective (ACC) comme mode de valorisation économique le plus avantageux. L’absence d’obligation de création d’une personne morale organisatrice simplifie la mise en œuvre de l’ACC pour les petites installations. Le guide propose des schémas, des étapes détaillées et des retours d’expérience concrets de communes rurales ayant développé leurs propres projets.
Les projets citoyens d’énergie renouvelable, soutenus par des associations comme Énergie Partagée, se développent également. Ces projets impliquent une gouvernance locale, avec des collectivités et des citoyens participant aux décisions et devant financer au moins 40 % du projet. Énergie Partagée fédère les acteurs, propose des ressources, des formations, labellise les projets et peut compléter le financement par de l’épargne citoyenne. Selon une étude menée par Énergie Partagée et l’Ademe en 2019, les retombées économiques locales des projets citoyens sont deux à trois fois plus importantes que les projets classiques, car les actionnaires locaux réinvestissent leurs dividendes dans l’économie locale. Le nombre de projets citoyens est passé de 300 entre 2010 et 2019 à 415 aujourd’hui. Tenergie, en partenariat avec la Banque des territoires, a créé en 2023 la coentreprise TED (Terres d’Énergie Développement) pour développer des projets territoriaux avec les collectivités, en leur permettant d’investir et de partager la valeur créée.
Fin mars 2025, l’autoconsommation collective d’électricité (ACCE) comptait près de 900 opérations actives, impliquant environ 10 000 participants et 120 MW installés (source : EDF).
Le marché du photovoltaïque en France est en forte croissance, avec une capacité installée de 25 GW fin 2024 et 5 GW déployés sur la seule année 2024. La production photovoltaïque représente 5,2 % de la consommation électrique nationale, mais la France reste en retard par rapport à l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Girasole Energies, créée en mars 2023, exploite 300 centrales pour 70 MW connectés, 187 centrales sont en construction et 800 projets sont en développement. L’entreprise prévoit de connecter 310 MW au réseau d’ici fin 2026, ce qui correspond à 144 000 tonnes de CO2 évitées par an et 83 500 foyers alimentés en énergie renouvelable.
Les principaux freins au développement du photovoltaïque ne sont pas technologiques, mais relèvent de la complexité administrative, du manque d’incitations financières attractives et de l’instabilité des politiques publiques. Le photovoltaïque est un outil efficace pour la rénovation des bâtiments, la réduction de l’empreinte carbone et la création de valeur économique locale, notamment par la location d’espaces ou l’autoconsommation. L’ancrage territorial, l’agilité opérationnelle et l’innovation (stockage, mobilité électrique) sont des facteurs clés de succès pour les entreprises du secteur.
En résumé, le développement des énergies renouvelables par les collectivités s’appuie sur des accompagnements techniques, juridiques et financiers, des évolutions réglementaires favorables à l’autoconsommation, des dynamiques citoyennes et une croissance soutenue du marché photovoltaïque, malgré des défis liés à la rentabilité, à la réglementation et à la stabilité des politiques publiques.