2025 : année de la relance pour le non-alimentaire ?
Bulletin : LSA 22 mai 2025
22 mai 2025
Auteurs
Numéros de page :
pp.18-24
En 2024, les marchés du non-alimentaire en France ont connu une contraction quasi généralisée, avec un chiffre d’affaires global de 74 milliards d’euros, en repli de 3% par rapport à 2023. Les secteurs les plus touchés sont le meuble (-5,1% à 13,8 milliards d’euros), le jardin (-6% en valeur), le bricolage (-6,4% à 22,8 milliards d’euros), et le high-tech, dont les trois familles principales (télécoms, informatique/bureautique, électronique grand public) ont toutes reculé : télécoms à 8,4 milliards d’euros (-3%), informatique/bureautique à 5 milliards d’euros (-3%), électronique grand public à 4,1 milliards d’euros (-2%). Le segment premium des smartphones n’a pas joué son rôle moteur, et les ventes de téléviseurs n’ont pas bénéficié des Jeux olympiques de Paris, contrairement à l’Euro de football.
Le textile a connu une légère embellie, avec une hausse en volume et une stabilité en valeur, mais reste en recul de 15% par rapport à 2019. Le nombre d’actes d’achat est passé de 20,6 à 21 par personne entre 2023 et 2024 (contre 24 en 2019). Les segments dynamiques sont le prêt-à-porter homme et enfant, tandis que les sous-vêtements, collants et linge de maison sont en repli. Le e-commerce poursuit sa progression, représentant 21,8% du marché textile en 2024 (contre 15,4% en 2019). Les enseignes de sport grand format en périphérie et les solderies ont bien performé, alors que les magasins de centre-ville, centres commerciaux et GSA (grandes surfaces alimentaires) ont perdu du terrain. Les GSA ne représentent plus que 10% des volumes réalisés et voient leur part de marché continuer à baisser. Pour 2025, les prévisions annoncent une croissance du textile de 1,4% en volume et 1,8% en valeur, tirée par le sport, la seconde main (Vinted représentant 70% des ventes du secteur), et les produits sous licence.
Le petit électroménager (PEM) est le seul marché du non-alimentaire à avoir progressé en 2024, avec une hausse de 8% à 4,03 milliards d’euros (53,5 millions de produits vendus, +8%). C’est la première fois que le PEM dépasse les 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Les segments moteurs sont l’entretien des sols (+11,4%, avec les aspirateurs robots à +25%), la beauté et le bien-être (+10,5%, dont les tondeuses homme à +22%), et surtout l’Airfryer, dont le chiffre d’affaires a bondi de 140% en valeur pour atteindre 271 millions d’euros (27% des foyers français équipés), multiplié par dix en trois ans, devenant la deuxième catégorie du PEM derrière les aspirateurs balais (460 millions d’euros). Le gros électroménager (GEM) a reculé de 3,9% à 5,6 milliards d’euros (14,5 millions de produits vendus, -1%), pénalisé par la chute des ventes de logements anciens. L’ensemble de l’électroménager (PEM + GEM) a progressé de 1% à 9,6 milliards d’euros (68 millions de produits vendus).
Dans la distribution, les grandes surfaces spécialisées (GSS) ont gagné 1,6 point de part de marché pour l’équipement de la maison, atteignant 57,7%, tandis que les GSA ont perdu 0,7 point. Les pure players et autres circuits (GSB, cuisinistes, spécialistes photo, etc.) représentent 18,2% (+1 point). Pour le textile, la part de marché offline est de 78,6% et online de 21,4%. Les chaînes de sport et sportswear ont gagné 0,8 point, tandis que les chaînes de centre-ville et centres commerciaux ont perdu 0,3 point.
Le marché du meuble domestique a connu une deuxième année de baisse, à -5,1% en valeur, repassant sous la barre des 14 milliards d’euros. Les segments les plus touchés sont le meuble meublant (-6,3% à 4,5 milliards d’euros), la cuisine (-6,2% à 3,7 milliards d’euros), les canapés, fauteuils et banquettes (-4% à 2,5 milliards d’euros), le meuble de jardin (-8,4%), et le meuble de salle de bains (-7,2%). Seule la literie s’en sort mieux (-2,1%). Les Français des zones rurales ont davantage investi dans l’aménagement de leur maison que ceux des zones urbaines. La fréquentation des points de vente spécialisés a chuté de 30% en trois ans, et l’écrémage des points de vente va se poursuivre. 85% des clients s’informent d’abord sur leur smartphone avant d’acheter un meuble, mais peu de distributeurs ont mis en place des parcours clients digitaux efficaces. L’industrie européenne du meuble est menacée par la réorientation des exportations chinoises vers l’Europe, suite à l’effondrement des exportations vers les États-Unis à cause des taxes douanières.
Le marché du bricolage a terminé l’année 2024 à -6,4% en valeur, et celui du jardin à -6%. Ces secteurs ont été affectés par la contraction des transactions immobilières et une météo défavorable au printemps et à l’été.
Pour 2025, les perspectives sont contrastées : le textile devrait poursuivre sa légère croissance, porté par le sport, la seconde main et les produits sous licence. Le petit électroménager devrait continuer sur sa lancée (+4% attendus), notamment grâce aux Airfryers, aspirateurs balais, robots culinaires et machines à café à grains. Le gros électroménager pourrait retrouver la croissance au second semestre, en fonction du marché immobilier. Le high-tech devrait se stabiliser, avec un regain d’activité attendu pour les smartphones et les PC intégrant davantage d’intelligence artificielle, mais une baisse de 1% prévue pour l’électronique grand public, faute d’événements sportifs majeurs. Le marché du meuble devrait poursuivre sa baisse, avec un repli proche de 5% attendu en 2025.
En résumé, 2024 a été marquée par une réorientation des dépenses des Français vers l’alimentaire, une contraction généralisée du non-alimentaire à l’exception du petit électroménager, une montée en puissance du e-commerce, et des perspectives 2025 qui restent prudentes, avec quelques poches de croissance dans le textile, la seconde main, le sport et le petit électroménager.