Un écrivain, on sait ce que c'est. Quelqu'un dont l'écriture est le métier et qui tire l'essentiel de ses ressources de l'exploitation de ses livres. Ce qui n'empêche pas des journalistes, des professeurs, des avocats, des employés de compagnies d'assurances d'être aussi des écrivains, comme leur oeuvre en atteste. Un collabo, on sait également, dès lors que l'on prend soin de distinguer la collaboration d'État, résultat d'une volonté politique (Vichy), du collaborationnisme, fruit d'une adhésion sans réserve à la victoire allemande sur l'Europe (Paris), même si les passerelles ne manquent pas entre les deux, notamment lorsque les fonds secrets du président du Conseil financent abondamment les journalistes de la presse ultra du second. Mais un écrivain collabo ? Là, on entre dans le dur, on touche du doigt la complexité, on pénètre dans l'univers de la nuance et ses échappatoires. Sommaire. Qu'est-ce qu'un écrivain collabo ? Entretien avec Jérôme Garein : "Dans les années quatre-vingt s'installe le bon chic collabo". Le cas Céline. Ombres et silences de Marguerite Duras. Drieu et son double. Les trains de la honte. Du consentement à l'asservissement. La "liste noire" du Comité national des écrivains.