De la peinture de caches (matte painting) à la direction artistique des effets spéciaux, de l'analogique au numérique, Michael Pangrazio, invité d'honneur du PIDS d'Enghien-les-Bains, a oeuvré pendant quarante ans à la création de décors à la fois grandioses et discrets, dérobant à l'oeil, dans le creux de leur réalisme, les mystères de leurs rouages. Le paradoxe d'une peinture en trompe-l'oeil lovée dans le mouvement des images, d'une 2D capable d'étendre le décor jusqu'à la ligne d'horizon recoupe ceux du secteur des effets spéciaux aujourd'hui menacé par le formatage. Michael Pangrazio a travaillé depuis les années 1980 sur nombre des plus grosses productions hollywoodiennes auprès de George Lucas, Steven Spielberg ou Peter Jackson, participant à la construction d'imaginaires qui appelaient d'eux-mêmes au développement de techniques toujours plus spectaculaires. Au seuil de l'époque encore imprévisible de l'intelligence artificielle, Pangrazio, autodidacte ayant su s'adapter au tournant du numérique, continue de défendre la recherche artistique contre la souveraineté du codage informatique.