Les Six défis de Philippe Palazzi
Bulletin : LSA 24 juillet 2025
24 juillet 2025
Numéros de page :
pp.20-21
En 2024, le groupe Casino a fermé 766 magasins, dont 513 de proximité, 37 Monoprix et 207 Franprix, tout en ouvrant 266 nouveaux points de vente selon des critères stricts d’emplacement, d’adéquation de la marque et de sélection des franchisés. À partir du second semestre, le rythme des fermetures et ouvertures devrait se stabiliser autour d’une cinquantaine d’ouvertures annuelles toutes marques confondues (Casino, Vival, Spar, Monoprix, Naturalia, Franprix). Le groupe mise sur la différenciation de ses enseignes, chaque marque ayant un positionnement spécifique.
Monoprix, qui représente la moitié du chiffre d’affaires du groupe et 60 % de son Ebitda, est une priorité. Sur les 300 millions d’euros d’investissements annuels prévus par l’actionnaire Daniel Kretinsky, environ 200 millions sont alloués à Monoprix. Une liste de 60 magasins prioritaires a été établie pour rénovation, avec un coût au mètre carré désormais inférieur à 1 000 euros, soit un coût divisé par deux. Les plans de transformation sont en cours, avec un retour aux fondamentaux du commerce : disponibilité des produits, structure de l’assortiment, et maintien de l’exclusivité, notamment dans le non-alimentaire, le textile et la beauté. Un nouveau concept beauté axé sur les marques « instagrammables » est prévu pour la fin de l’année. Monoprix Maison restera limité à trois magasins. Au 31 mars 2025, Monoprix comptera 620 magasins.
La restauration à emporter est un axe stratégique majeur, avec l’objectif d’atteindre 6,5 milliards d’euros de volume d’affaires dans dix ans, contre 1,5 milliard actuellement. Le concept « La Cantine », testé dans trois magasins (un quatrième ouvrira à Paris cet été), a permis une progression moyenne du chiffre d’affaires de 40 %. Dix ouvertures sont prévues cette année, avec une accélération attendue l’an prochain et l’étude d’un modèle en solo.
Casino compte 7 447 magasins. Un travail de fond est mené sur les marques propres, avec le lancement à la rentrée d’une gamme premiers prix « Tous les jours » comprenant 150 références, déployée dans toutes les enseignes. L’objectif de répartition de l’offre vise un tiers de marques nationales, un tiers de marques propres, un tiers de marques locales, avec 10 % de bio. Cette répartition sera adaptée localement, comme à Luynes (Aix-en-Provence), où l’assortiment inclut des produits corses et britanniques pour répondre à la clientèle locale. La plateforme logistique propose 8 000 références, complétées selon les besoins des franchisés. Les prix, notamment chez Monoprix pour les fruits et légumes, sont revus à la baisse grâce à la centrale d’achats Aura.
Le groupe est désormais composé à 84 % de magasins franchisés, mais conserve un parc intégré pour développer de nouveaux concepts. Malgré le départ de deux gros master-franchisés (Puig&fils et Magne) début 2024, neuf franchisés sont revenus (deux de Puig, sept de Magne). Casino a renouvelé son partenariat avec Sherpa jusqu’en 2031 pour un volume d’achats de 50 millions d’euros, s’appuyant sur la logistique de Easydis et une gestion adaptée aux zones difficiles d’accès.
Casino vise la rentabilité plutôt que la course à la part de marché, se situant à 3 % de part de marché, juste devant Aldi. L’objectif est d’atteindre 500 millions d’euros d’Ebitda en 2028, contre 111 millions en 2024. Les fermetures de magasins ont entraîné une baisse du chiffre d’affaires mais améliorent la rentabilité. Les premiers effets sont attendus dès le deuxième trimestre 2024, avec une publication des résultats semestriels prévue le 30 juillet. Concernant les covenants financiers (ratio dette nette/Ebitda) à respecter à partir du troisième trimestre 2025, la direction se veut confiante, assurant la solidité de l’actionnaire et niant toute cession d’actif. En 2024, le chiffre d’affaires de Casino s’élève à 8,47 milliards d’euros, en baisse de 2,6 % à périmètre comparable.