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Des Plateformes digitales pour booster le mécénat d’entreprise

27 juin 2025
Numéros de page :
pp.24-26
Depuis 2010, le montant des dons déclarés par les entreprises françaises au titre de l’impôt sur les sociétés a été multiplié par près de trois, selon France générosités. En 2022, la générosité des entreprises a atteint 3,8 milliards d’euros, tandis que les particuliers ont donné 5,4 milliards d’euros, pour un total de 9,2 milliards d’euros de dons. La France compte 142 500 entreprises mécènes, avec une part croissante de PME et TPE, qui représentent désormais 34 % des dons d’entreprises, contre 27 % en 2019. Huit entreprises mécènes sur dix se situent désormais en région. Cette progression s’explique par la baisse des subventions publiques, qui ont diminué de 41 % entre 2005 et 2020, obligeant les associations à diversifier leurs sources de financement. L’annulation de 5 200 contrats de l’Agence des États-Unis pour le développement international, pour un montant total de 42 milliards de dollars (36,5 milliards d’euros), a également fragilisé de nombreux acteurs de l’aide internationale. Les associations doivent donc fidéliser leurs mécènes, animer la relation avec eux et en conquérir de nouveaux, dans un contexte de forte concurrence. Pour répondre à ces enjeux, de nouveaux outils ont émergé, notamment les plateformes digitales d’intermédiation comme Microdon et Komeet. Microdon, fondée en 2009, a popularisé “l’arrondi sur salaire”, permettant aux salariés de faire des dons de quelques centimes à plusieurs euros directement via leur bulletin de salaire, souvent abondés par l’entreprise. Ce dispositif offre une source de revenus récurrente et automatique pour les associations, tout en laissant aux salariés le choix des causes soutenues. Les entreprises présélectionnent plusieurs associations, et les collaborateurs flèchent leurs dons via une plateforme de suivi. Komeet, issue de la fusion de Wenabi et Vendredi, facilite le mécénat de compétences en traduisant les besoins des associations en missions attractives, souvent en équipe, et en levant les freins individuels et organisationnels à l’engagement. La plateforme est gratuite pour les associations et se rémunère auprès des entreprises via une licence annuelle. Ce type de plateforme permet aussi aux associations de créer des liens avec les salariés, qui deviennent des ambassadeurs auprès de leur employeur, favorisant ainsi des relations de long terme et la privatisation d’espaces pour des événements d’entreprise. Les plateformes d’intermédiation sont particulièrement utiles pour les TPE et PME, qui sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans le mécénat. Elles servent d’outil de sélection et d’identification de projets crédibles, en procédant à des vérifications administratives, de gouvernance et de transparence, et en s’assurant que les associations sont capables d’émettre des reçus fiscaux, condition indispensable pour bénéficier d’une réduction d’impôt. Le cadre fiscal a également évolué pour encourager le mécénat. Depuis 2019, le plafond de la réduction d’impôt pour les dons des entreprises est passé de 10 000 à 20 000 euros, ou 0,5 % du chiffre d’affaires pour les dons supérieurs à 20 000 euros. Les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés ou à l’impôt sur le revenu peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt de 60 % dans la limite de ce plafond. Cette évolution a favorisé l’engagement des petites entreprises, souvent ancré localement. La loi “Bataillon” du 15 avril 2024 a assoupli le mécénat de compétences, portant la durée maximale des missions de deux à trois ans et rendant le dispositif accessible aux entreprises de moins de 5 000 salariés. Les TPE et PME peuvent ainsi envoyer leurs salariés œuvrer pour une cause d’intérêt général sur leur temps de travail, avec une défiscalisation du salaire chargé à hauteur de 60 %, dans certaines limites. Une autre innovation majeure est le don de congés payés et de RTT à des organismes d’intérêt général, instauré par le décret du 20 février 2025. Les salariés peuvent transformer jusqu’à trois jours de repos non pris par an en soutien financier pour des associations, sachant que près de 26 millions de jours de repos sont perdus chaque année en France. Ce don ouvre droit à une réduction fiscale de 66 % du montant du don, valorisé selon la rémunération nette, mais nécessite une impulsion de l’entreprise pour sa mise en place et un accord sur la cause bénéficiaire. En résumé, le mécénat d’entreprise en France connaît une forte croissance, portée par l’engagement accru des TPE et PME, l’évolution du cadre fiscal et juridique, et l’apparition de plateformes digitales facilitant la collecte de dons et le mécénat de compétences. Les associations, confrontées à la baisse des financements publics, s’appuient sur ces nouveaux outils pour diversifier et sécuriser leurs ressources, tout en impliquant davantage les salariés dans la démarche philanthropique.