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Frédéric Martin, directeur de Robert Laffont : "Je ne vois pas l'intérêt de s'interdire des formes"

01 juin 2025
Numéros de page :
pp.64-67
Frédéric Martin, nouveau directeur des éditions Robert Laffont depuis le 6 janvier 2025, après avoir fondé et dirigé Le Tripode (2013-2024) et cofondé Attila (2009), prône une ouverture éditoriale sans hiérarchie entre littérature dite « littéraire » et ouvrages grand public. Il revendique une exigence et une lucidité éditoriales, quel que soit le genre, et refuse de s’interdire des formes ou de cloisonner les publications. Il a notamment décidé d’ouvrir la collection emblématique « Pavillons », historiquement réservée à la littérature étrangère, à des auteurs français, tout en maintenant la tradition de littérature hors collection. Son parcours débute par un stage au Centre National du Livre en 2000, puis un premier poste aux éditions Viviane Hamy en 2002 comme responsable des droits étrangers, où il publie en 2005 L’art de la joie de Goliarda Sapienza, devenu un best-seller posthume avec plus de 500 000 exemplaires vendus toutes éditions confondues. Au Tripode, il connaît d’autres succès, comme De pierre et d’os de Bérengère Cournut, vendu à 150 000 exemplaires. Martin insiste sur l’importance de l’écoute des auteurs et de la diversité des publications, citant des exemples de publications variées, de La Porte de Magda Szabó (prix Femina étranger 2003) à des ouvrages de développement personnel comme Guérir de vos angoisses en six leçons du Dr Philippe Presles. Il souligne que la collection « Pavillons » est née en 1945 d’une contrainte contractuelle interdisant à Robert Laffont de publier des auteurs français, ce qui a conduit à se concentrer sur la littérature étrangère et à accueillir des auteurs majeurs comme Dino Buzzati, Mikhaïl Boulgakov, Adolfo Bioy Casares, Anthony Burgess. La collection « Pavillons » continue d’être un pilier de la maison, avec des chiffres de vente notables : Si c’est un homme de Primo Levi (45 000 exemplaires en grand format, 1 600 000 en poche, soit 1 645 000 exemplaires), La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole (58 000 en grand format, 530 000 en poche, soit 588 000 exemplaires), Lunar Park de Bret Easton Ellis (250 000 exemplaires), Les éclats de Bret Easton Ellis (80 000 exemplaires), Les testaments de Margaret Atwood (150 000 exemplaires), Moi, Charlotte Simmons de Tom Wolfe (140 000 exemplaires), Les graciées de Kiran Millwood Hargrave (42 000 exemplaires). La collection a aussi été récompensée par des prix littéraires, comme Les élus de Steve Sem-Sandberg (Prix Médicis étranger 2016) et Propre d’Alia Trabucco Zeran (Prix Femina étranger 2024). La collection « Pavillons Poche », qui fête ses 20 ans, compte également de grands succès : La servante écarlate de Margaret Atwood (600 000 exemplaires), Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov (120 000 exemplaires), Une journée d’Ivan Denissovitch d’Alexandre Soljenitsyne (70 000 exemplaires), La fenêtre panoramique de Richard Yates (35 000 exemplaires). Pour la rentrée littéraire, la maison publie des titres variés, comme Cantique du chaos de Mathieu Belezi, Géographie de l’oubli de Raphaël Sigal (premier roman de 120 pages), Chez nous de Phillip B. Williams, L’amour moderne de Louis-Henri de la Rochefoucauld, Le crépuscule des hommes d’Alfred de Montesquiou, et Les yeux sont un morceau de choix de Monika Kim. Martin affirme que la ligne éditoriale ne repose pas sur la forme littéraire mais sur la distinction entre le divertissement et la diversion, privilégiant des livres qui aident à regarder le monde avec lucidité, qu’il s’agisse de fiction, de récit, de développement personnel ou de poésie.